La Moughataa de Sebkha est délimitée à l’ouest par l’Océan Atlantique, à l’Est par les jardins maraichers et le CNH (actuel Institut National de Recherche en Santé Publique) se prolongeant jusqu’au marché volaille/poisson appelé, au Nord par la Commune de Tevragh Zeina et au Sud par celle d’El Mina. Sa limite méridionale est la route menant au Wharf et au Port de Nouakchott. À l’origine, Sebkha s’appelait «Cinquième arrondissement» et s’étendait de l’hôpital national au Wharf, avant son découpage dans les années 1970 en deux arrondissements distincts : Sebkha et El Mina. Le quartier est aujourd’hui principalement habité par les populations venues des régions méridionales et de la vallée du fleuve Sénégal.
En 2009, la Moughata comprenait quelques 96 300 habitants pour une superficie de 1386 hectares et une densité moyenne de 69,5 habitants/ha. Cependant, selon les documents de l’Office National de la Statistique (ONS), la population de Sebkha a subi une forte croissance passant à 106 000 habitants en 2010.
Le nom Sebkha signifie zone saline en hassaiyya, arabe local mauritanien. Elle est située dans une zone marécageuse (marais salé) avec une forte concentration de sel. Elle ne dispose pas de réseau d’assainissement des eaux usées. Seules les fosses d’aisances ou septiques servent d’ouvrages d’assainissement. Ces dernières, généralement construites dans un espace résiduel de la cour, se remplissent rapidement et inondent les quartiers, exposant en danger les habitants et provoquant ainsi la détérioration de l’écosystème.
La Moughataa de Sebkha, ne compte aucun dispositif ni engin pour assurer l’assainissement liquide de tous les quartiers. On note l’existence des citernes à titre privé, qui assurent le vidange des fosses septiques, moyennant des montants exorbitants souvent au-dessus des revenues des populations (de 16.000 à 25.000 ouguiyas par voyage).Ces derniers, par insuffisance de moyens sont obligés de recourir à d’autres services, voire même des solutions archaïques pour soulager leurs egos. Il s’agit de louer le service de certaines personnes pour vider le contenu des fosses septiques dans la rue moyennant des montants de 5000 à 6000 milles ouguiyas pour chaque vidange effectué.
Cette anarchie de pompages périodiques et de déversements incontrôlés des eaux usées sur la place publique entraine des conséquences terribles sur la santé et l’hygiène des populations, le cadre de vie, et la dégradation du milieu environnemental. Ces agissements s’expliquent par plusieurs causes dont certaines sont liées aux comportements des populations, qui manquent de civisme, aux conditions de pauvreté, à l’emplacement de la commune située en zone de dépression et à la défaillance de l’intervention de l’Etat.
La problématique de l’assainissement des eaux est certes un problème national (absence de réseau), toutefois, la Commune de Sebkha semble être la Commune la plus touchée.
De par sa position géographique, la commune est confrontée à des défis environnementaux énormes. La salinité, la remontée de la nappe phréatique ainsi que le manque d’hygiène et d’assainissement conduisent à la dégradation des conditions de vie des populations et causent des maladies.
La zone est de plus en plus exposée aux inondations du fait de l’absence d’un système de canalisation pour l’évacuation ou la retenue des eaux de ruissellement. Face à une telle situation, il est impossible pour une fosse septique d’une profondeur d’un mètre de tenir longtemps, sachant que les pronostics ont montré que les habitants des quartiers pauvres font une utilisation abusive de l’eau pour leurs bains ou autres besoins naturels.
Quel quartier de cette Moughataa échappe aux odeurs nauséabondes des eaux tirées des fosses sceptiques et déversées dans des creusets ? Des étals d’eau peuvent parfois demeurer des semaines sans être enterré sans qu’on y songe. Ajouté à cela, un terrain argileux ou un sol trop boueux. Il est aujourd'hui rare de rentrer dans un quartier sans trouver une ou deux fosses en vidange. Il suffit de sortir le matin pour aller en ville ou au lieu de travail pour être accueilli au retour par une odeur d’une nouvelle fosse sceptique.
Dans les quartiers de Sebkha, les voitures ne peuvent plus se hasarder à emprunter certaines routes ou certaines ruelles. Il suffit de dire à un taximan « virez à gauche ou entrez par là », qu’aussitôt son visage change de couleur, et il aurait envie de te bouffer crû comme si tu lui avais arraché le cœur. Parce qu'il craint que les pneus de sa voiture ne s'enfoncent dans ce qu’on pourrait même qualifier de sables mouvants, où il ne pourra s’en sortir que difficilement. A qui la faute ? Est ce l'Etat, la Mairie ou les citoyens ?
L’Etat ne semble pas vouloir mettre en place des rigoles, ou un système d’assainissement pour faciliter la tâche dans les quartiers pauvres. Ni la commune ne semble s’intéresser à cela. Bien au contraire elle préfère ne pas en parler. Donc, pas question pour le citoyen ordinaire, de louer une citerne pour vider ses WC, du fait des tracasseries administratives qui ne finissent pas et des dépenses que cela peut couter à un pauvre père de famille. ainsi donc la seule solution pour la population s’est de recourir à des moyens simples, qui consistent à faire appel aux services de quelques personnes spécialisées dans ce domaine, et qui ne demandent pas beaucoup. Des modestes sommes de deux milles à trois milles ouguiya en fonction de la profondeur de la fosse. Des travailleurs de fortune qui sont exposés à leurs états de santé et ne se soucient que d'amasser de l'argent.
Tout le monde semble approuver à l'unanimité cette méthode draconienne, celle de creuser un petit puits et d'y emmagasiner le contenu de sa fosse ; malgré les effets néfastes qui se manifestent à travers cet acte irresponsable. Mais le drame c'est que tout le monde semble approuver quand même. Pourvu que la terre ne se rebelle pas un jour contre nous, pour nous déverser son contenu ou pour nous ensevelir de nos actes irresponsables.
Oumar Amadou Mbaye