
L’ancien gouverneur de la Banque centrale de Mauritanie, Sid’Ahmed Ould Raiss, pourrait être entendu dans le cadre de l’enquête ouverte sur la mise en banqueroute de la banque Maurisbank, apprend-on mercredi de sources encore officieuses.
Les autorités concernées s’intéresseraient, en effet, aux circonstances suspicieuses de la banqueroute de cette banque, agréée en 2012 seulement par la Banque centrale de Mauritanie. Les autorités pourraient donc se pencher, apprend-on de même source, sur les conditions réelles de mise en place de la Banque née des suites de la cession de la Bacim-Bank, aujourd’hui Orabank, au fonds américains ECP.
Mais dés à présent, les analystes financiers voient dans le limogeage de l’ancien gouverneur, détenteur pourtant d’un mandat récent à la tête de la BCM, et le risque de discrédit des garanties de l’Etat, une raison valable de faire « toute la lumière » sur cette affaire où la Banque centrale a tenté une première fois, en septembre 2014, de passer la patate chaude à la Caisse d’Epargne et Développement. Celle-ci n’en a pas voulu.
Le passage éventuel de l’ancien gouverneur de la Banque centrale devant la Justice serait corroboré par sa mise à l’écart car, soulignent ces analystes, « la tradition veut que si un Gouverneur est démis de son poste, il est souvent nommé ailleurs. Or, cela ne semble pas le cas de l’ex-Gouverneur aujourd’hui ».
Le président Mohamed Ould Abdelaziz serait « profondément déçu par l’ancien gouverneur» renchérissent les mêmes sources pour justifier sa mise à l’écart. De plus, sa tentative soutenue par le Conseil de politique monétaire, de se décharger sur la Mauribank et de s’en remettre au tribunal commercial pour léser les déposants a eu l’inconvénient de générer une crise grave pour la crédibilité et la stabilité du système financier du pays. Mais avec son limogeage à la suite de cette affaire, l’ancien gouverneur aura échoué et mis en évidence sa gestion aventureuse de la BCM.
Beaucoup de zones d’ombres entourent, en effet, et jusqu’aujourd’hui la légèreté avec laquelle le Gouverneur, le conseil de politique monétaire et la supervision bancaire ont géré cette affaire. Le manque à gagner pour le trésor public qui devrait se subroger à la BCM face aux créanciers et la mise en banqueroute de la Maurisbank créé suscitent beaucoup d’interrogations sur les motivations profondes de la démission des organes de gestion bancaire de la BCM. Plus globalement, la suspicion entoure aujourd’hui tous les agréments distribués à tour de bras lors du premier mandat de l’ancien gouverneur Ould Raiss. D’autres interrogations concernent aussi la mise en circulation des marchés d’impression des nouveaux billets de Banque.
Alors qu’une certaine opinion accorde au président Aziz de mener un réchauffement de son opération d’assainissement de la gestion des finances publique, en changeant et le Gouverneur de la BCM et l’Inspecteur général de l’Etat (il serait parti à la retraite), les observateurs scrutent encore la suite de cette affaire dite de la Maurisbank dont le président et certains de ses proches collaborateurs se trouvent aujourd’hui à cause de la plainte de l’ancien gouverneur entre les mains de la Justice. On évoque également, dans ce cadre, une rencontre entre le nouveau Gouverneur Aziz Ould Dahi et des élus d’Atar et de Nouakchott, pour trouver une issue négociée entre la Mauribank et l’Etat.
Le président Mohamed Ould Abdelaziz, rappelle-t-on, s’est engagé suite à l’éclosion de plusieurs détournements avérés au trésor public de faire mener une lutte sans merci contre les prédateurs. Pourra-t-il aller jusqu’au bout de cette logique contre ses soutiens? Le succès de l’opération «mains propres » qu’il aurait engagée en dépendra nécessairement.
source:mauriweb