sommet de l’UA: discours du Président Mohamed O Abdel Aziz

sam, 01/31/2015 - 23:47

"Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d'Etat et de Gouvernement ;

Excellence Monsieur Hailemariam Dessalegn, Premier Ministre de la République Fédérale Démocratique d'Ethiopie ;

Excellence Monsieur Mahmoud Abass, Président de l'Etat de Palestine, Président du Comité Exécutif de l'Organisation de Libération de la Palestine ;

Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs de Délégations ;

Excellences Mesdames les Premières Dames ;

Excellence Monsieur Ban Ki-moon, Secrétaire Général des Nations Unies ;

Excellence Monsieur Nabil El Arabi, Secrétaire Général de la Ligue des Etats Arabes ;

Excellence Docteur N'Kosazana Dlamini Zuma, Présidente de la Commission de l'Union Africaine ;

Honorables Invités,

Distingués Délégués ;

Mesdames, Messieurs,

Je voudrais, tout d'abord, en votre nom, rendre hommage à Son Excellence Monsieur Michael Chilufya Satta, Président de la République soeur de Zambie, qui nous a quitté le 28 octobre dernier et qui fut un combattant ardu pour la liberté et la dignité de notre Continent.

A cette douloureuse occasion nous présentons à la République soeur de Zambie, à son Gouvernement, à son Peuple et à la famille du défunt, nos condoléances les plus attristées.

Excellences ;

Mesdames, Messieurs;

Je voudrais adresser, en votre nom, nos sincères remerciements et exprimer notre profonde gratitude à notre frère son Excellence Monsieur Hailemariam Dessalegn, Premier Ministre de la République Fédérale Démocratique d'Ethiopie, au Gouvernement et au Peuple éthiopiens pour l'accueil chaleureux et l'hospitalité généreuse dont nous avons été l'objet depuis notre arrivée à Addis-Abeba, cette belle capitale africaine.

Il m'est aussi particulièrement agréable de vous adresser mes chaleureuses félicitations ainsi que mes meilleurs voeux, à l'occasion du nouvel an et de souhaiter la paix, le progrès et la prospérité pour notre cher continent, l'Afrique.

Je salue chaleureusement la présence parmi-nous de mon frère son Excellence Monsieur Mahmoud Abass, Président de l'Etat de Palestine, Président du Comité Exécutif de l'OLP, présence qui illustre le soutien de l'Union Africaine à la juste cause du Peuple palestinien.

Je souhaite également adresser mes vifs remerciements à son Excellence Monsieur Ban Ki-Moon, Secrétaire Général de l'Organisation des Nations Unies, pour les efforts inlassables qu'il consacre à la préservation de la paix et de la sécurité de l'Afrique ainsi qu'à son développement. Je salue également les efforts entrepris par Son Excellence Monsieur Nabil El Arabi, Secrétaire Général de la Ligue des Etats Arabes, pour le renforcement de la coopération entre l'Afrique et le Monde Arabe.

Excellences ;

Mesdames, Messieurs;

Il me plait également de saluer et de féliciter, en votre nom, mes frères chefs d'Etat et de Gouvernement qui ont été récemment élus à la magistrature suprême de leurs pays respectifs :

- Son Excellence Cheikh Professeur Docteur El Hadj Yahya AJJ Jammeh, Président de la République de Gambie,

- Son Excellence Monsieur Beji Caid Essebsi, Président de la République Tunisienne,

- Son Excellence Monsieur Filipe Nyusi, Président de la République du Mozambique,

- Son Excellence Monsieur Edgar Lungu, Président de la République de Zambie,

Tout comme nous félicitons Son Excellence Monsieur Michel Kafando, Président de la transition, Président du Faso, désigné suite au consensus de l'ensemble des acteurs de la scène de la société Burkinabé.

Qu'ils veuillent bien recevoir notre total soutien et notre solidarité entière avec leurs pays frères.

Excellences ;

Mesdames, Messieurs;

Permettez-moi d'exprimer à mes Frères et collègues Chefs d'Etat et de Gouvernement, ma considération et mon estime pour les efforts inlassables qu'ils déploient pour hisser notre Continent à la place qui lui sied.

Je salue en outre le travail remarquable de la Commission de l'Union Africaine sous la direction de sa Présidente, ma sœur Son Excellence Docteur N'Kosazana Dlamini Zuma, qui continue avec courage et dévouement à œuvrer à la bonne marche de notre prestigieuse institution.

Excellences ;

Mesdames, Messieurs;

Il y'a de cela une année, que j'avais décidé d'accepter l'honneur que vous avez bien voulu m'accorder pour présider notre honorable organisation continentale dans le but de réaliser ensemble, durant ce mandat qui prend fin aujourd'hui, les nobles objectifs auxquels aspirent nos peuples, notamment à travers le renforcement du rôle et de la place de l'Afrique dans le monde, la préservation de son unité dans le cadre de sa riche diversité, la consolidation de la démocratie, de la liberté, de la paix, de la sécurité, de la stabilité et de la bonne gouvernance pour une vie meilleure pour tous et pour tout un chacun.

Excellences ;

Mesdames, Messieurs;

L'occasion nous a été donnée d'informer le monde entier, de la tribune des Nations Unies, à New York en septembre dernier, de ce que nous les africaines et africains avons réalisé sur la voie du progrès et du développement, de nos attentes de la communauté internationale et de nos aspirations en terme de contributions efficaces dans la gestion du présent et de l'avenir de l'Humanité.

Au cours de l'année 2014, de nombreux pays africains auront enregistré des niveaux de croissance élevés malgré la crise économique qui continue à sévir dans le monde.

Ces résultats sont le fruit des politiques économiques mises en oeuvre par les gouvernements africains et ont profité aux franges les plus vulnérables de la société.

Conscients du rôle essentiel du secteur agricole pour la sécurité alimentaire, pour la croissance économique et pour la lutte contre la pauvreté, les dirigeants africains ont déclaré l'année 2014 année de l'agriculture. Ainsi une attention particulière a été accordé au secteur agricole, ce qui a permis à notre continent africain de franchir des étapes importantes sur la voie du développement dans le domaine de l'agriculture et des industries alimentaires.

La réalisation de l'autosuffisance alimentaire, le développement des industries agricoles et la lutte contre la pauvreté, en milieu rural, restent des objectifs fondamentaux de l'Union Africaine que nous nous appliquons à réaliser avec le développement de la recherche, l'accès aux marchés internationaux et aux technologies préservant l'environnement.

Les dirigeants africains ont pris des décisions importantes sur des sujets essentiels pour le continent parmi lesquels la vision pour l'horizon 2063 et l'agenda de développement post 2015, pour que l'Afrique devienne un espace sain débarrassé des fléaux des guerres et des conflits et où prévalent la justice, la bonne gouvernance et le respect des droits de l'homme.

Vous me permettrez, à cette occasion de dire toute mon appréciation à ma soeur Son Excellence Ellen Johnson Sirleaf, Présidente de République du Libéria et Présidente du Comité de Haut Niveau sur l'Agenda de développement post 2015, pour l'excellent travail accompli sous sa direction.

Je voudrais également saisir cette occasion pour saluer la Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique, la Banque Africaine de Développement, Les Communautés Economiques Régionales, le NEPAD et les autres partenaires pour leurs contributions et inviter la communauté internationale à soutenir l'Agenda pour ' l'Afrique que nous voulons'.

Excellences ;

Mesdames, Messieurs;

Nous avons pris part, au cours de l'année écoulée, aux sommets avec l'Union Européenne à Bruxelles, avec les Etats Unies d'Amérique à Washington, au sommet sur le Climat à New York ainsi qu'au Sommet du G 20 à Brisbane et avec la République de Turquie à Malabo.

Au cours de ces différentes rencontres, l'Afrique a fait entendre sa voix sur tous les sujets en tant que partenaire égal, soucieuse du présent et de l'avenir de l'Humanité, partageant les valeurs communes de paix, de liberté, de justice, de démocratie et d'aspirations profondes à un mieux être pour ses filles et ses fils, pour sa sécurité et sa prospérité.

Nous renouvelons ici notre profonde gratitude à tous nos partenaires et les remercions pour les engagements pris en faveur du Continent et pour l'intérêt qu'ils lui portent.

Excellences ;

Mesdames, Messieurs;

L'apparition du virus Ebola et sa propagation rapide et inattendue a surpris tout le monde et a déstabilisé les structures sanitaires des pays touchés, que nous avons visités il y'a quelques semaines dans le but de leur exprimer notre solidarité totale et de nous enquérir des résultats encourageants de la coopération fructueuse entre ces pays et la communauté internationale. A cette occasion, nous saluons le courage et le combat ardu mené, par ces pays frères, contre cette pandémie ravageuse que nous n'arrivons pas encore à éradiquer, en dépit des mesures prises et des efforts déployés.

Tout en nous félicitant des actions et initiatives prises par la Commission de l'Union africaine, par certains Etats membres et par la communauté internationale en faveur des pays touchés par la propagation de cette maladie, nous voudrions réitérer ici notre appel, lancé depuis New York, puis à Brisbane et à Malabo, à la communauté internationale pour oeuvrer efficacement à la mise à disposition de vaccin, à assurer le traitement des personnes atteintes du virus Ebola, à renforcer les moyens de prévention, à arrêter sa propagation, à accroître les investissement dans le domaine de la recherche scientifique en virologie et à apporter l'aide aux pays touchés par ce fléau. Nous lançons ici un appel pour l'annulation de la dette des pays touchés par cette pandémie.

Par ailleurs, nous devons intensifier et poursuivre les efforts pour améliorer les indicateurs de santé d'une manière générale, consolider notre système de santé, améliorer nos infrastructures et l'accès aux services de santé et procéder à la formation et au perfectionnement de nos ressources humaines.

Nous devons également accentuer les efforts, en particulier dans le cadre de la lutte contre le VIH/SIDA, le Paludisme, la Tuberculose et les maladies connexes pour préserver en particulier les jeunes et les femmes des affres de telles pandémies.

Un soutien constant devra bénéficier au Plan Africain de Production Pharmaceutique, au Plan pour l'Accélération de la Réduction de Mortalité Maternelle en Afrique, tout comme il urge de mettre en place le Centre Africain de Contrôle et de Prévention des Maladies que nous avons décidé de créer depuis 2013 à Addis-Abeba.

Excellences ;

Mesdames, Messieurs;

Si le développement durable est tributaire de la santé et des ressources humaines, il reste également fonction de la paix et de la sécurité en dehors desquelles l'on ne saurait tout simplement l'envisager.

Notre continent africain fait face à de nombreux défis en matière de paix et de sécurité liés, pour la plupart, à la montée du terrorisme transfrontalier, à l'extrémisme violent, à la criminalité et au trafic de tout genre. Plusieurs facteurs ont contribué à la précarité de la situation sécuritaire de certaines régions de notre continent.

Parmi ces facteurs nous pouvons citer le déficit en matière de gouvernance démocratique, les séquelles de vieux antagonismes sociaux et culturels, les difficultés économiques et les tensions sociales qu'elles engendrent, le chômage et la délinquance juvénile fruits de systèmes éducatifs inadéquats et peu performants.

Cependant le terrorisme reste un phénomène mondial, sans nationalité, sans religion et sans race et la lutte contre ce fléau exige une coordination intense sur le plan international. La coopération fructueuse entre l'Union Africaine, l'ONU et d'autres partenaires a permis de trouver des solutions à de nombreux conflits armés dans notre continent.

Toutefois le conflit fratricide au Soudan du Sud demeure préoccupant malgré les efforts consentis par l'IGAD et l'Union Africaine en particulier. La situation en Libye demande une implication accrue de la communauté internationale, sous coordination du Groupe International de Contact pour la Libye afin que les parties libyennes, en dehors des groupes terroristes reconnus comme tels par la communauté internationale, puissent trouver un accord de sortie de crise de nature à restaurer l'autorité de l'Etat pour préserver les intérêts du peuple libyen.

Dans ce cadre nous saluons le dialogue engagé à Genève et espérons qu'il permettra d'aboutir à un accord global qui garantit la pérennité de l'Etat libyen, son unité et la restauration de ses institutions constitutionnelles.

Nous demeurons préoccupés par la situation au Nigéria et dans les pays voisins où les actes de Boko Haram continuent de menacer la paix et la sécurité dans cette région. Nous incitons les pays de la région et l'Union Africaine à la mise en place d'une force pour faire face à Boko Haram et soutenir l'armée tchadienne dans sa noble mission sur les frontières avec le Cameroun. Nous exigeons la libération immédiate des personnes prises en otages par cette organisation.

Malgré les progrès accomplis, la République Centrafricaine, continue à retenir notre attention. Nous encourageons les acteurs centrafricains à saisir la période de transition pour bâtir la confiance et transcender toutes entraves au processus de paix et de stabilité dans ce pays frère.

Nous saluons et nous nous félicitons de l'évolution de la situation au Burkina Faso qui s'achemine vers des élections libres et transparentes en octobre 2015 permettant de restaurer les institutions démocratiques.

Nous encourageons et soutenons les pourparlers d'Alger qui devront conduire à une solution définitive et globale au conflit opposant les frères maliens. Nous nous félicitons, également, de l'amélioration de la situation au niveau de la région des grands lacs, tout en demeurant attentifs à tout ce qui peut nuire à la paix dans cette région.

En Somalie, les victoires militaires éclatantes remportées par les forces africaines et somaliennes sur les terroristes Al-Shabab consolideront davantage les institutions politiques somaliennes et conforteront l'autorité de l'Etat dans ce pays frère.

Nous ne pouvons qu'exprimer notre fierté à l'issue du processus démocratique en République soeur de Tunisie qui vient d'être couronné avec succès au terme d'élection présidentielle libre et transparente.

Sur un autre plan nous estimons que l'abandon par la Cour Pénale Internationale des charges qui étaient retenues contre notre frère Son Excellence Monsieur Uhuri Kenyata, Président de la République du Kenya, constitue une victoire que nous saluons. C'est une décision que nous avons toujours réclamée. A cet égard l'on se devrait d'opérationnaliser les structures de la Cour Africaine de Justice pour se saisir de pareilles questions.

Excellences ;

Mesdames, Messieurs

La tenue à Nouakchott, le 18 décembre 2014, du Premier Sommet des Pays Participant au Processus de Nouakchott sur le renforcement de la coopération sécuritaire et l'opérationnalisation de l'architecture africaine de paix et de sécurité dans la région sahélo-saharienne, qui a vu la participation des onze pays de la région, de l'ONU, de l'UE, de la CEDEAO et de l'OCI, a été un franc succès. Les décisions qui y ont été prises boosteront la coopération sécuritaire entre les pays concernés et contribueront à opérationnaliser notre architecture de paix et de sécurité dans la région.

Ce sommet a été suivi, le 19 décembre 2014, de celui du G5 Sahel, crée en février 2014 à l'initiative des pays de la sous-région qui ont pris conscience de la nécessité de mettre en place un cadre régional de coordination des efforts de développement de la zone d'une part, et de la lutte contre le danger du terrorisme et du crime organisé d'autre part.

Excellences ;

Mesdames, Messieurs

L'Afrique, il faut le rappeler, s'est engagée, depuis plus d'une décennie, sur une nouvelle lancée permettant au Continent une croissance moyenne supérieure à 5%, un réel progrès sur bon nombre d'indicateurs de développement humain ainsi qu'une bonne avancée dans le domaine des infrastructures, de l'intégration économique et de la bonne gouvernance.

Dans ce cadre, une conférence de haut niveau, sur la transparence et le développement durable en Afrique, s'est tenue récemment à Nouakchott. Lors de cette rencontre nous avons lancé une initiative sur la transparence dans le secteur des pêches. La déclaration de Nouakchott de cette Conférence appelle l'Union africaine à mettre en place les mécanismes appropriés pour la lutte contre l'évasion fiscale et les flux financiers illicites et demande aux pays africains de participer à l'initiative africaine de la transparence fiscale.

L'Afrique est un continent jeune et riche qui poursuit sa transformation et sa croissance économique pour rattraper son retard en matière d'énergie, de transport et de TIC notamment et développe ses programmes agricole et industriel dans le cadre de sa stratégie pour la science, la technologie et l'innovation.

Le Continent est déterminé à renforcer sa présence sur la scène internationale, en conformité avec sa dimension et son rôle et avec la réalité géopolitique internationale et les profondes mutations que le monde a connues. Eu égard à sa place et à son rôle considérable au sein de la communauté internationale, l'Afrique doit avoir une représentation permanente au Conseil de Sécurité des Nations Unies.

Pour ce faire il faut entamer les négociations pour élargir les représentations permanentes et non permanentes au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies et pour reformer le système économique mondial, pour plus d'équité, en dynamisant le rôle des Nations Unies dans les efforts de renforcement de la transparence, de la régulation du système financier et de l'encouragement des investissements nécessaires au développement durable.

Et l'on aura ainsi contribué à donner aux peuples du Monde la faculté à disposer de leur droit au développement et à tirer profit de la prospérité et du progrès pour que l'Humanité, toute entière, vive dans la dignité, la liberté, la justice et l'égalité.

J'espère que les efforts consentis, par nos pays, auront permis de contribuer à la réalisation des objectifs visés. Je souhaite à mon futur successeur, à la tête de l'Union Africaine, et à nos travaux plein succès.

Vive l'Afrique.

Je vous remercie"

AMI