La déclaration d’AJD/MR, un parti d’opposition mauritanien parue sur cridem en ce 6/3/2015 suscite d’interrogations. La lecture d’une telle déclaration nous pousse à nous interroger s’il ne serait pas plus juste de parler d’exilés ou de réfugiés quand il s’agit des mauritaniens se trouvant au Mali depuis1989 ? L’histoire nous enseigne qu’en 1989, suite à un conflit entre éleveurs de Sonkho (Mauritanie) et agriculteurs de Ndiawar (Sénégal), nombreuses étaient des personnes et des familles à subir des torts pour leur appartenance à la grande famille d’éleveurs et /ou d’agriculteurs.
Des milliers des mauritaniens s’étaient retrouvés dans des camps de réfugiés suite aux déportations au Sénégal. Là, c’est juste de parler de déportés mauritaniens. Car les concernés ont été embarqués pour être expulsés. Pendant la même période des mauritaniens qui se trouvaient dans les localités d’ould jiddou Ganguebé ,ould jiddou Fulaabe,Mouta,Taakade ceerno sammba,Gourel Seydi Tabbara ,kajel pobbi et dans d’autres localités le long du Karikoro surtout ont été contraints de s’en fuir pour se retrouver à saare yero,bakayar, Hoore Gniwa,Samba woysi,aourou,ould keydou,jaabi,Beeta,ambideeri dans les arrondissements d’Aourou et d’Ambideri dans la région de Kayes au Mali. Parlant des populations installées dans ces localités, il serait donc plus juste de dire des réfugiés Mauritaniens au Mali. Ce ci du fait qu’elles ont été bien contraintes à s’exiler, ces victimes n’ont jamais été embarquées pour se retrouver sur le sol malien. Vouloir donner aux enfants de ces mauritaniens des jugements supplétifs d’actes de naissance ne peut en aucun cas être une humiliation .Car contrairement aux déportés installés dans les camps d’infortune au Sénégal qui ont bénéficié de cartes de refugiés et dont les enfants ont été scolarisés, les mauritaniens vivant sur le sol malien depuis les événements de 1989, eux n’ont bénéficié d’aucun papier les permettant de circuler librement et leurs enfants n’ont jamais accès eu à l’école. L’humiliation continue serait donc d’ignorer les difficultés rencontrées quotidiennement par ces derniers et vouloir les maintenir dans une telle situation.
Nous retenons de l’histoire qu’avec l’avènement de Sidi O Cheikh Abdallahi, le premier président démocratiquement élu du pays, un discours de reconnaissance des torts a été prononcé, lequel s’est matérialisé par des missions d’explication et de sensibilisation qui ont sillonné plusieurs régions du pays et certaines régions du Sénégal. Mais pour le Mali, le sérieux a manqué pour la simple raison que la mission qui devrait rencontrer les réfugiés mauritaniens sur le territoire malien s’était seulement limitée à Kayes et pour rencontrer des représentants fantômes des victimes.
Le retour volontaire des réfugiés au Sénégal a été organisé par la suite mais force est de constater aussi que les déportés, originaires du Guidimakha installés entre Bakel et Tambacounda ont été peu touchés par les missions de sensibilisation. Ce qui explique leur existence en grand nombre à nos jours dans les localités de Samba yidee,samba gniamé,wouro thierno et autres localités dans le Boundou. Ceux qui savent peuvent attester d’ailleurs que le nombre des victimes revenues dans le cadre du retour volontaire au Guidimakha et en Assaba est insignifiant par rapport aux autres dans régions concernées. Nous sommes tentés de dire que nos politiciens sortent des déclarations qui sont de nature à occulter les réalités que vivent ceux qui ont subi et continuent de subir doublement des torts pour leur appartenance et l’ignorance de leur vécu quotidien.
Avec Aziz, le général Putschiste ce fut aussi la reconnaissance des torts suivie d’une prière en la mémoire des militaires tués. Puis le discours réconciliateur de Kaédi. Si symbolique fut- il, le geste a soulevé des questions au Guidimakha, une région du sud qui à l’instar des autres wilayas a subi avec regret des moments douloureux résultant des l’égoïsme et de la barbarie de l’homme. Mais aucun politique n’a levé le doit pour dénoncer L’oubli ou la marginassions dont sont victimes d’éleveurs et d’agriculteurs qui ont connu d’exactions et des répressions mais aussi des déportations. Oui des réfugiés mauritaniens au Mali lors de la boucherie humaine de l’ère Tanya et non des déportés mauritaniens au Mali ! Car la méconnaissance des faits peut être une des raisons du refus de reconnaitre les droits des victimes ignorées par plus d’un. Les propos de l’actuel président de la l’Assemblée nationale, Ministre le l’intérieur et de la décentralisation à l’époque qui disait que l’état ne reconnait pas de déportés mauritaniens au Mali, bien qu’irritant nous semblent fondés. Car aucune embarcation vers le Mali n’a eu lieu.IL serait plus juste d’aider les victimes à retrouver leurs droits en les appelant par leur nom ((réfugiés)).
Aux ONG des droits de l’homme qu’ignorent des disparus civils à l’image de ceux du Guidimakha et aux partis politiques qui confondent déportés et réfugiés nous disons que l’humiliation continue c’est la transformation des faits et la volonté de maintenir les victimes dans la situation qu’ils vivent depuis 1989 .Trouver un seul déporté sur le territoire malien permettra aux auteurs des déclarations d’être plus convainquant. En fin parlons des réfugiés mauritaniens et non des déportés mauritaniens au Mali sinon une méconnaissance des faits et un mépris pour ces derniers.
Amadou Bocar Ba/Gaynaako