Séquelles de l'esclavage en Mauritanie

sam, 12/13/2014 - 20:24

La lutte contre «les séquelles de l’esclavage» a été le seul sujet du prêche de la grande prière musulmane, du vendredi après-midi en Mauritanie, a constaté sur place la Pana .

A l’instigation du gouvernement (ministère de l’Orientation islamique), les imams de 1000 mosquées réparties entre Nouakchott et l’intérieur du pays ont abordé le sujet plaidant en faveur de l’éradication définitive «des séquelles de l’esclavage».

Pour atteindre cet objectif, «les prêcheurs préconisent une action visant à éliminer l’ignorance et la pauvreté, origines historiques de toutes les pratiques sociales dégradantes pour la dignité humaine».

Ce prêche uniforme rentre dans le cadre d’une campagne visant l’élimination «des séquelles de l’esclavage», une pratique sociale vieille de plusieurs siècles.

Ce prêche intervient dans un contexte politique, social et judiciaire marqué par l’arrestation et le placement en détention provisoire d’une dizaine de militants anti-esclavagistes issus de l’Initiative de Résurgence du mouvement abolitionniste (Ira), arrêtés début novembre au cours d’une caravane dénonçant « l’esclavage foncier » dans le Sud-ouest du pays.

Parmi eux, le leader du mouvement, Birame Ould Dah Ould Abeid, candidat malheureux à l’élection présidentielle du 21 juin 2014 et prix de l’Onu pour les droits de l’homme en 2013.

Depuis 1961, plusieurs lois visant l’abolition de l’esclavage ont été adoptées en Mauritanie. La démarche la plus récente dans cette série date de 2012, avec une prohibition constitutionnelle de la pratique.

Sur un plan politique, le gouvernement a annoncé en mars 2014, la mise en œuvre d’une feuille de route en 29 points pour régler la question avec l’appui du Rapporteur Spécial des Nations unies (Onu) sur les formes contemporaines de l’esclavage.

Ce sujet, rappelle-t-on, reste au centre d’une divergence d’interprétation et d’une vive polémique entre le gouvernement qui admet « l’existence de séquelles » et les Ong anti-esclavagistes qui dénoncent une pratique « répandue et persistante, dont les auteurs restent impunis » du fait de nombreuses « complicités ».
PANA