L’Union des Associations de Guidimakha pour Le Développement (UAGD) a adressé au Wali de Guidimakha, en courrier une lettre critique qui retrace la situation dramatique de l’enrôlement à vocation civil des populations de cette wilaya. Le document évoque le problème des populations locales, qui n’arrivent pas à se recenser ainsi que celui des émigrés, dont la plus part parmi eux ont perdu leurs emplois à cause des papiers d’états civils et du nouveau passeport biométriques initiés par les autorités mauritaniennes.
Selon certaines sources, les populations de Guidimakha soutiennent cette initiative entreprise par l’UAGD et qu’une délégation, constituée par ces dernières avait sollicité une audience pour rencontrer le président de la république, pour lui parler de leurs préoccupations et plus particulièrement l'état civil mais en vain, ça fait un mois que dure l’attente.»
Il faut souligner que la délégation compte 10 personnalités issues des 3 couches que composent la wilaya du Guidimakha et réparties comme suit : 2 peulhs, 2 maures et 2 Soninkés. En plus du médiateur de l'initiative, la délégation comprend également le Président de l’union des associations, représentant de la société civile ainsi que le Président des ressortissants mauritaniens de France.
Pour plus d’information lire la lettre transcrit ci-jointe :
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UNION DES ASSOCIATIONS DE GUIDIMAKHA
POUR LE DEVELOPPEMENT
(UAGD)
Récépissé n°0225
LE PRESIDENT
A MONSIEUR LE WALY DU GUIDIMAKHA
Monsieur le Wali,
Je viens très respectivement, porter à votre connaissance, que les doyens de beaucoup de villages me demandent d’organiser une assemblée générale de notre organisation afin de désigner un groupe de sages, qui ira à Nouakchott solliciter une audience du Président de la République, pour lui soumettre, en tant que société civil, les problèmes rencontrés au niveau de l’agence nationale du registre des populations et des titres sécurisés.
J’ai précisé aux envoyés qu’il faut d’abord passer par le Wali du Guidimakha et lui soumettre tous les problèmes et demander son aval pour solliciter l’audience du Président.
C’est dans ce contexte que je vous adresse la présente lettre qui souligne l’ensemble des doléances :
Le problème des Passeports est un point très important qui inquiète particulièrement nos ressortissants à l’étranger, beaucoup d’émigrés ont perdu leur emploi, faute de passeport pour retourner à leur travail car les conditions de délivrance ont changé.
Or Monsieur le Wali, il n’est pas à démontrer l’importance de l’émigration chez nous et son impact au niveau des familles.
Le second point est l’enrôlement ou le recensement dans la région. Il est créé un centre au niveau de chaque commune. Rares les centres qui fonctionnement aujourd’hui. Si les machines ne sont pas en panne, c’est le manque de gasoil ou l’absence de réseau, situation favorisant l’absentéisme des chefs de centres, qui parfois, ne daignent même pas informer les citoyens. S’ils le font, c’est avec arrogance. Le cas de Khabou est un exemple éclatant. L’homme est venu en vacances donc le temps est très limité, le chef de centre déclare que le gasoil est terminé. Très poliment, l’homme dit qu’il peut trouver du gasoil pour ne pas être en retard. Le chef de centre refuse catégoriquement et dit qu’il n’utilisera que le carburant envoyé par Nouakchott sans se préoccuper des soucis des citoyens.
Bientôt c’est la rentrée des écoles, les enfants n’ont pas la carte d’identité exigée, que faire ?
Changement des noms : le recensement est en majorité fait par les arabisants qui écrivent les noms et prénoms à leur façon : pour Assa, ils écrivent Aiché, pour Laliya = El aliya pour Bilaly = Bilal les exemples sont nombreux, beaucoup de veuves des retraités de France ont perdu leur pension de réversion à cause de ce phénomène de noms tronqués.
Quelques fois dans la même famille, le nom est écrit différemment : exemple Sokhona, Sokina, Soukhna etc…
Les émigrés ou les veuves de ces derniers ont déjà les dossiers au niveau des institutions françaises donc contenant des pièces d’état civil, avec ce nouveau recensement, il est précisé sur l’acte de naissance le jour, le mois et l’année, alors qu’auparavant seule l’année est indiquée : exemple né en 1940, on écrit né le 31/12/1940 ou le 28 Aout 1940 ou le 03/02/1940 etc…
Ces dates sont choisies au hasard, quelque fois c’est le jour de la date du recensement qui est marqué. Avec ces nouveaux actes de naissance et nouvelles cartes d’identité, les institutions françaises exigent un jugement modifiant les pièces d’état civil, or ce n’est pas la justice qui a fait la modification, elle ne peut donc rectifier une pièce qu’elle n’a pas établie.
Tant que ces incohérences existent au niveau des dossiers, les bénéficiaires ne jouiront pas de leurs avantages.
Au nom de quelle loi agit-on ainsi sans demander au préalable l’avis des intéressés.
Il est à souligner aussi que certains enfants ont le même âge que leur père ou leur mère ou ont comme père ou mère leur grand père ou grande mère. Le père est remplacé par le grand père et la mère par la grand-mère.
L’agence du Registre des Populations et des Titres Sécurisés responsable de toutes ces anomalies doit procéder à la rectification de ces pièces d’état-civil afin que les intéressés puissent bénéficier de leurs droits.
Un dernier point non moins important, c’est celui de l’état civil au niveau de la justice, le Magistrat chargé de ce dernier n’est autre que le Président du Tribunal qui est aussi le Cadi du département de Sélibaby. Ce dernier a plusieurs fonctions à remplir. Il est donc trop chargé pour satisfaire les citoyens qui cherchent leurs pièces d’état civil.
Le département de Sélibaby étant le plus peuplé de la Mauritanie, pour cela on a toujours sollicité un Magistrat chargé spécifiquement de l’état civil, mais en vain.
Tels sont Monsieur le Wali, les problèmes saillants évoqués par nos sociétaires et particulièrement celui des Passeports qui a fait perdre beaucoup des emplois de nos émigrés.
Le Souhait le plus ardent est de soumettre ces problèmes épineux au Président de la République afin que des solutions soient trouvées. Amin !
Fait à Sélibaby, le 10/09/2016