| AQMI : L’objectif était de détruire le pays Comment et par qui ? | 
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 C’est mardi 1er février, et par un heureux hasard, que l’une des voitures est retrouvée abandonnée dans la région de Maata Moulana, non loin de Rkiz au Trarza. Les gendarmes qui se rendent sur les lieux découvrent un arsenal important et une voiture bourrée d’explosifs, environ 1500 kilogrammes. De quoi faire sauter la moitié de la ville de Nouakchott. Un rapide ratissage permet d’arrêter un bissau-guinéen du nom de Youssouf Kalça alias Abu Jaafar. L’homme est connu des services mauritaniens. Agé de 29 ans, il a rallié les camps de AQMI au nord du Mali après un passage dans les écoles coraniques de Mauritanie. C’est là qu’il a été recruté en 2008. Il apparait dans toutes les vidéos tournées par le mouvement pour les besoins de propagande. Il parle et donne des détails sur l’opération. La deuxième voiture se dirigeait déjà vers Nouakchott. Comme celle qu’il occupait avec ses amis, elle est bourrée d’explosifs. Il donne des noms. La traque continue. Mais il faut attendre un concours d’heureuses circonstances pour intercepter le deuxième véhicule. Après avoir essayé de forcer (ou de payer) les services de paisibles éleveurs, les terroristes les ligotent et les abandonnent. Ils seront secourus par hasard et donneront donc l’alerte. La voiture est à quelques kilomètres de la ville. Le Bataillon de la sécurité présidentielle (BASEP) qui est l’une des unités d’élite de l’Armée prend les choses en main. La suite on la connait : les terroristes qui foncent sur les unités lesquelles les font exploser. Nouakchott est secouée dans son sommeil. On dénombre 7 blessés au sein des unités mauritaniennes. Le ministère de la défense qui donne des détails, pas tous les détails cependant… Mais où est passé la troisième voiture ? et où sont passés les deux autres occupants de la voiture abandonnée ? Pour la troisième voiture, personne ne sait encore. On suppose qu’elle doit être revenue à sa base parce qu’elle n’a pas été signalée depuis la première entrée du groupe. On suppose qu’elle assurait l’approvisionnement des deux autres véhicules jusqu’au point où ils pouvaient assurer leur autonomie pour aller jusqu’à Nouakchott. C’est plausible surtout qu’à bord du véhicule se trouvait l’2mir du groupe Tiyib Ould Sidi Ali. Il s’agit de l’un des plus redoutables combattants mauritaniens de AQMI. Il y a quelques années, il avait été arrêté en compagnie de son ami Hamada Ould Mohamed Khairou par les Maliens. En 2008, ils avaient été échangés contre les otages autrichiens enlevés en Tunisie. Avec lui à bord du véhicule un touarègue nommé Zakaria. 
 D’ailleurs rares les noms publiés qui correspondent à la réalité. Le groupe était composé de huit terroristes : en plus de Saleck Ould Cheikh (Abu Qaswara), de Sidi Mohamed (Zoubeir), de Youssouf Kalça (Abu Jaafar), de Tiyib Ould Sidi Ali et de Zakaria, il y avait un algérien du nom de Saad, un nommé Mohamed el Mokhtar Ould Val et Mohamed Lemine Ould Alle alias Maawiya, tous trois morts dans la voiture qui a explosé dans les environs de Nouakchott. L’opération visait plus que la déstabilisation du régime. Ce fut un projet de vengeance. Terrible s’il avait réussi. Il s’agissait de faire exploser, simultanément sinon successivement, l’Etat Major de l’Armée nationale et l’Ambassade de France à Nouakchott. Chaque voiture aurait été conduite par un kamikaze, tandis que les deux autres, armés de RPG et d’armes légères, devaient semer la mort dans les environs. Imaginons le carnage. 
 Le premier est Brahim Ould Mohamed Ould Abdel Barka, alias Abu Anas Al-Chiguitty qui a été membre du Conseil de la Shoura de AQMI et principal juge du groupe. C’est lui qui a dirigé, recruté, organisé, opéré les branches mauritaniennes du mouvement. Il serait aujourd’hui entre les mains des services algériens si l’on en croit la presse algérienne. En tout cas, le quotidien Alkhabar a publié une photo récente de Abu Anas dont les prêches étaient d’une violence rarissime. Les Mauritaniens ont-ils été au courant de cette grosse pêche ? Peut-être pas. Sinon ils auraient certainement demandé son extradition, sinon son audition. En fait il était surtout chargé du dossier mauritanien. Et si demain il est traduit devant la justice algérienne il ne risque que des peines légères alors qu’il est mêlé à tous les crimes commis au nom du mouvement en Mauritanie. Ayant échoué dans cette tentative de faire payer à la Mauritanie ses réussites dans la lutte contre le terrorisme, que peut faire maintenant AQMI ? C’est la question que les autorités du pays doivent à présent se poser. En attendant de savoir, répétons en chœur : «alhamdu liLlahi». 
 Ould Oumeir La Tribune N°536 du 07 février 2011 
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| Lundi, 07 Février 2011 08:32 | 
 Tout commence par une alerte donnée à partir des frontières mauritaniennes dès vendredi 28 janvier dernier. Trois voitures appartenant visiblement aux groupes terroristes d’Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI) ont quitté un repaire situé au sud de Tombouctou, une sorte de forêt où les groupes de combattants trouvent refuge quand ils ne sont pas en plein désert. Les trois voitures se dirigeraient vers la frontière mauritanienne. L’alerte est immédiatement donnée.
Tout commence par une alerte donnée à partir des frontières mauritaniennes dès vendredi 28 janvier dernier. Trois voitures appartenant visiblement aux groupes terroristes d’Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI) ont quitté un repaire situé au sud de Tombouctou, une sorte de forêt où les groupes de combattants trouvent refuge quand ils ne sont pas en plein désert. Les trois voitures se dirigeraient vers la frontière mauritanienne. L’alerte est immédiatement donnée. Aux environs du 30 janvier, dimanche, les trois voitures traversent la frontière entre les villes de Djiguenni au Hodh Echargui et Kobenni au Hodh el Gharby. Elles avancent rapidement parallèlement aux frontières. Elles arrivent au Guidimakha et sont repérées avant de se perdre une nouvelle fois. Deux d’entre elles sont signalées par un poste de contrôle de la Gendarmerie dans la zone de Lexeiba I (Gorgol). Elles brûlent le contrôle mais ne sont plus que deux. On n’entendra plus parler de la troisième voiture qui assurait visiblement la logistique au reste du groupe.
Aux environs du 30 janvier, dimanche, les trois voitures traversent la frontière entre les villes de Djiguenni au Hodh Echargui et Kobenni au Hodh el Gharby. Elles avancent rapidement parallèlement aux frontières. Elles arrivent au Guidimakha et sont repérées avant de se perdre une nouvelle fois. Deux d’entre elles sont signalées par un poste de contrôle de la Gendarmerie dans la zone de Lexeiba I (Gorgol). Elles brûlent le contrôle mais ne sont plus que deux. On n’entendra plus parler de la troisième voiture qui assurait visiblement la logistique au reste du groupe. Tandis que les Nouakchottois se réveillaient difficilement du choc, les forces de sécurité continuaient la traque des deux fugitifs perdus quelque part dans le Trarza. Jeudi 3 février, un poste de gendarmerie près de Lexeiba II (Trarza) est averti de la présence de deux jeunes armés par des villageois. Sans prendre de précautions particulières, trois gendarmes prennent la route à bord d’un véhicule. Arrivés à la hauteur des deux terroristes, ils essuient un tir nourri. L’un d’eux est tué sur le champ et tombe. Son arme est récupérée par les terroristes qui pénètrent dans la forêt de Bezzoul au bord du fleuve. Alerte et encerclement de la zone par les gendarmes. On ne saura peut-être jamais comment les deux fugitifs ont pu sortir de là. On craint un moment de les avoir perdus complètement. Il faudra attendre l’intervention de l’Armée pour les retrouver une trentaine de kilomètres plus loin, non loin de Dar el Barka dans le lieu appelé Tessem 2. Les échanges de tir ne durent pas longtemps et se sentant perdus l’un des deux se fait exploser à l’aide d’une grenade tandis que l’autre est arrêté. Celui qui s’est fait exploser s’appelle Sidi Mohamed alias Zoubeir. C’est un ancien mauritanien des camps AQMI. Il apparait sur toutes les vidéos anciennes et récentes de propagande. Le second qui s’est fait arrêter s’appelle Saleck Ould Cheikh alias Abu Qaswara. Il est moins connu que son compagnon. Et contrairement à ce qui a été écrit un peu partout aucun des deux ne fait partie du groupe amnistié récemment.
Tandis que les Nouakchottois se réveillaient difficilement du choc, les forces de sécurité continuaient la traque des deux fugitifs perdus quelque part dans le Trarza. Jeudi 3 février, un poste de gendarmerie près de Lexeiba II (Trarza) est averti de la présence de deux jeunes armés par des villageois. Sans prendre de précautions particulières, trois gendarmes prennent la route à bord d’un véhicule. Arrivés à la hauteur des deux terroristes, ils essuient un tir nourri. L’un d’eux est tué sur le champ et tombe. Son arme est récupérée par les terroristes qui pénètrent dans la forêt de Bezzoul au bord du fleuve. Alerte et encerclement de la zone par les gendarmes. On ne saura peut-être jamais comment les deux fugitifs ont pu sortir de là. On craint un moment de les avoir perdus complètement. Il faudra attendre l’intervention de l’Armée pour les retrouver une trentaine de kilomètres plus loin, non loin de Dar el Barka dans le lieu appelé Tessem 2. Les échanges de tir ne durent pas longtemps et se sentant perdus l’un des deux se fait exploser à l’aide d’une grenade tandis que l’autre est arrêté. Celui qui s’est fait exploser s’appelle Sidi Mohamed alias Zoubeir. C’est un ancien mauritanien des camps AQMI. Il apparait sur toutes les vidéos anciennes et récentes de propagande. Le second qui s’est fait arrêter s’appelle Saleck Ould Cheikh alias Abu Qaswara. Il est moins connu que son compagnon. Et contrairement à ce qui a été écrit un peu partout aucun des deux ne fait partie du groupe amnistié récemment. La Mauritanie est aujourd’hui considérée par les différents groupes de la nébuleuse AQMI comme «l’ennemi principal». Aucun des pays concernés par l’activité des groupes criminels de la zone n’a porté autant de coups aux activistes que la Mauritanie. C’est un peu pour lui faire payer cet engagement que les deux groupes, hier ennemis, «l’Emirat du Sahara» de Yahya Jwadi alias Abu Ammar et «Katibat el Mulathamine» (enturbannés) de Khalid Abul Abbass alias Belawar, se sont mis ensemble pour monter cette opération. Il faut signaler que ce rapprochement entre les différentes factions s’est soldé par la désignation du mauritanien Hassan Ould Khalil, participant à l’attaque de Lemghayti et jusque-là bras droit de Belawar, comme responsable de la communication de l’Emirat du Sahara de Abu Ammar. C’est le deuxième mauritanien qui monte en grade dans les structures de commandement de AQMI.
La Mauritanie est aujourd’hui considérée par les différents groupes de la nébuleuse AQMI comme «l’ennemi principal». Aucun des pays concernés par l’activité des groupes criminels de la zone n’a porté autant de coups aux activistes que la Mauritanie. C’est un peu pour lui faire payer cet engagement que les deux groupes, hier ennemis, «l’Emirat du Sahara» de Yahya Jwadi alias Abu Ammar et «Katibat el Mulathamine» (enturbannés) de Khalid Abul Abbass alias Belawar, se sont mis ensemble pour monter cette opération. Il faut signaler que ce rapprochement entre les différentes factions s’est soldé par la désignation du mauritanien Hassan Ould Khalil, participant à l’attaque de Lemghayti et jusque-là bras droit de Belawar, comme responsable de la communication de l’Emirat du Sahara de Abu Ammar. C’est le deuxième mauritanien qui monte en grade dans les structures de commandement de AQMI.

